Pascal Hivert Sensei


Pascal Hivert a reçu l’enseignement de plusieurs sensei de différentes écoles et de différents Arts Martiaux. Après avoir étudié la lutte (gréco-romaine), il a débuté le Karaté Goju ryu avec M. Fruchou, puis M. Baylet à Nontron, puis de nouveau M. Fruchou à Périgueux, et cela au sein de l’école Shōrei-kan. En 1986 changement de structure, il rejoint l’IOGKF avec B. Cousin  et F. Metzger. Peu de temps après il étudie directement sous la direction de B. Cousin. Il étudiera aussi avec de nombreux sensei de l’IOGKF, Morio Higaonna, An’Ichi Miyagi, Shuichi Aragaki, Bakkies Laubscher, lors de nombreux stages en Europe et à Okinawa. Il a suivi également des stages avec Teruo Chinen, Zenei Oshiro, ….
Il a donc eu l’opportunité de suivre des cours avec de nombreux enseignants, dont deux étaient des élèves directs de Chojun Miyagi.
Il a aussi aussi étudié la boxe française, le Tai-chi. Au cours de sa pratique, Pascal sensei a suivi de nombreuses formations, et obtenu les diplômes: BEES 1 (Brevet d’Etat d’Educateur Sportif 1er degré), DEJEPS (Diplôme d’Etat de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport Entrainement et perfectionnement Karaté), CQP ALS AGEE (Certificat de Qualification Professionnelle Activité Loisir Sportif Option Activités Gymniques d’Entretien et d’Expression).

Aujourd’hui, Pascal Sensei suit les enseignements de Anyu Shinjo Sensei. Un enseignant professionnel depuis plus de 20 ans.
– MC(M. Carré): quel serait, selon vous, l’élément principal de la pratique du Okinawa Gōjū Ryū?
– PH(P. Hivert Sensei): la «persévérance»
– MC: Avec un parcours comme le vôtre, et toute cette richesse technique accumulée, comment arrivez-vous à « garder le cap » dans l’enseignement? Est-ce innée ou vous fixez-vous des repères concernant chaque élève pour sa progression par exemple?
– PH: L’enseignement comprend trois fondamentaux:
1) La prise en compte du pratiquant, les repères sont fixés dès le premier cycle d’observation, besoins – physiques (force – souplesse) – psychologiques (mental)
2) L’évolution technique, les repères sont fixés d’avance suivant un cahier de compétences à acquérir par niveau de grade
3) Les principes du Goju Ryu, le pratiquant doit être en mesure de les utiliser, il a sa vie pour cela…..
Il arrive que ce soit le moment présent, l’instant « T », qui détermine l’apport d’un détail, d’une information importante et non le « cahier des charges ». Ce n’est pas innée c’est la pratique qui apporte les clés, et l’instant, être là maintenant.
– MC: Donc une fois ces trois fondamentaux pris en compte, comment donnez-vous votre enseignement? donnez-vous les mêmes instructions à chaque élève ou en groupe?
– PH: Dès le début chacun reçoit un enseignement de groupe et un enseignement individuel. Au fur et à mesure des années l’enseignement ne sera plus qu’individuel.
– MC: En quoi l’entraînement du Gōjū affecte l’esprit et le corps d’un karatéka? Quelles attentes ont, selon vous, la plupart des français qui viennent s’entraîner auprès de votre école?
– PH: « Le corps et l’esprit ne fond qu’un », on utilise l’un pour polir l’autre et vice versa… Si la majorité vient pour acquérir la technicité «défense personnelle» il ne faudra que peu d’années pour qu’ils embrassent «l’esprit». Si nous parlons d’école dite « traditionnelle » alors le Dōjō est un lieu d’entrainement physique dur, mais pas que, il est aussi un lieu «d’élévation de l’individu». Les pratiquants viennent peut-être chercher quelque chose de plus «Vrai», si une comparaison est possible on pourrait dire que notre école est le producteur local «bio», l’artisan local et non l’industriel….
– MC: Souvent les néophytes ont un regard plutôt disgracieux quant à la pratique du Karaté  en règle générale, qu’avez-vous à dire à vos élèves sur ce sujet?
– PH: Il est plus facile de critiquer que de poursuivre un chemin, chemin qui peut-être très long, où il faudra se remettre en cause. Et surtout il serait temps d’arrêter de se valoriser en matraquant le Karaté, les détracteurs devraient trouver autre chose, car il en va de leur crédibilité. Il n’y a pas ou peu de communication sur le karaté, les gens en gardent des idées reçues des années 1970…
– MC: Nous savons que vous êtes l’élève et le représentant direct de Anyū Shinjō Sensei, qui était l’élève direct de Miyazato Sensei, ce dernier tirant lui-même sa connaissance du créateur du style Goju, Miyagi Sensei. Sentez-vous un poids ou une responsabilité en particulier quand à cette transmission de savoir à laquelle vous êtes l’un des maillons directement introduit dans cette tradition okinawaîenne?
– PH: Un poids, non, une responsabilité, ou des responsabilités oui! Transmettre les savoirs est une chose, transmettre la philosophie, la façon, la manière d’être, le « savoir faire et savoir être » en est une autre. Le chemin parcouru m’a conduit vers cette situation, cette voie dite « traditionnelle ». Je remercie tous les karatékas que j’ai pu rencontrer, car ils ont tous participé à mon parcours, mon évolution. Aujourd’hui je suis fier de mon premier Maître, B. Cousin, et je comprends et adhère pleinement à sa vision du Okinawa Gōjū Ryū. Il est important de prévoir l’avenir pour protéger ce patrimoine, c’est pour cela que les responsabilités sont déjà partagées.
– MC: Quelles sont vos relations avec Anyū Shinjō Sensei? Une anecdote à raconter peut-être?
– PH: Une relation qui pourrait se définir ainsi « maître/élève », avec le temps les échanges sont plus profonds, plus personnels, cela ne se limite pas à la technique. Je préfère rester discret sur ce sujet, merci.
– MC: Quels sont vos meilleurs souvenirs durant toutes ces années de pratique?
– PH: Il y en a beaucoup! mes premières séances, mes rencontres avec B. Cousin Sensei et nos longues heures de discussions, avec Morio Higaonna  Sensei en 1992 à Périgueux, avec sensei Anyu Shinjo à Okinawa en 2015, mon premier séjour à Okinawa en 1998, mes nombreux échanges avec mon ami Miguel Da Luz,…… le Dōjō, la pratique, les répétitions c’est bon……
– MC: Avez-vous souvent croisé le chemin d’un Senpai ou Sensei en particulier qui a été bon avec vous, et vous a apporté une attention particulière?
– PH: Mon sensei, Anyu Shinjo sensei est particulièrement attentionné.
Par le passé oui j’ai eu un autre sensei attentionné, mais il est préférable de ne pas en parler, ou pas encore. D’autres pratiquants ont été et sont encore particulièrement attentionnés, je les en remercie.
– MC: On entend souvent parler de différents types, pratiques de ce noble art, comme le Karaté santé, le Karaté sportif, traditionnel, etc… Ces différences, selon vous, sont-elles toutes importantes ou vraiment différentes?
– PH: Chaque appellation correspondant à besoin sociétal, elles entrainent une modification de la pratique, et pourtant elles forment un tout: le Karaté. Certainement la raison pour laquelle je garderais Okinawa Goju Ryu…
– MC: Bientôt, Anyū Shinjō Sensei pourrait revenir en France, en 2020, pour inaugurer le nouveau Dōjō de Boulazac Isle Manoire, pouvez-vous nous en dire d’avantage? Et que conseillez-vous à vos élèves pour ce nouveau séminaire?
– PH: La ville de Boulazac Isle Manoire met à notre disposition une salle de 480 m2 de parquet sportif, ce qui en fait certainement le plus grand Dōjō en plancher bois de la région Aquitaine. Nous avons proposé de le nommer Goyu-Kan, en référence à notre Dōjō Ami d’Okinawa, le Dōjō de Sensei Anyū Shinjō. Sensei sera donc en France, à Boulazac Isle Manoire en Août 2020, pour l’inauguration. Une belle semaine en préparation, avec des moments forts, comme les démonstrations de Okinawa Goju Ryu, mais pas que…. Il y aura peut-être des présentations de divers produits élaborés à Okinawa, produits issus de l’artisanat local….
Les conseils pour mes élèves? Une pratique assidue, organiser son temps pour être présent au maximum, sachant que se sera le dernier séminaire dirigé en France et hors d’Okinawa par Sensei. Préparer cette rencontre avec le groupe (Dōjō), …..
– MC: Merci Sensei pour vos réponses, pour votre temps.
– PH: Dōmo arigatō gozaimasu

Matthieu Carré